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Au nom de la République : réformer l’école… et après ?

Photo du rédacteur: Hugo BréantHugo Bréant

Communication "Au nom de la République : réformer l’école… et après ? Des inégalités persistantes entre les collégien.ne.s de Polynésie française" réalisée avec Fanny Jedlicki et Mickaël Durand lors du Congrès de l'Association Française de Sociologie à Lille, dans le cadre de la session 1 "Inégalités et discriminations en éducation : quels changements en France ?" du Réseau Thématique (RT4) de Sociologie de l'éducation et de la formation.



"L’échec scolaire (Isambert-Jamati, 2020) constitue un enjeu politique majeur en Polynésie Française (Communauté d’Outre-Mer) : il a fait l’objet de nombreux discours et réformes (Salaün, 2020). Après avoir présenté de façon synthétique les spécificités socio-historiques, démographiques et politiques du champ éducatif polynésien, les réformes qui y ont été menées depuis une vingtaine d'années seront identifiées et les effets de celles-ci analysés, à l’aune des résultats d’une enquête quantitative menée de façon exhaustive auprès des collégien.ne.s de 3ème (ATOLLs, 2020). Ces réformes s’inscrivent dans le sillage des injonctions publiques métropolitaines à la « démocratisation » scolaire, mais de façon différée et avec des adaptations locales. Aussi la lutte contre l’absentéisme, le décrochage scolaire et l’analphabétisme, aux indicateurs élevés, justifient la mise en place de dispositifs d’ajustement à l’éloignement géographique et socioéconomique d’une partie de la population, comme à une très large professionnalisation de l’offre de formation (du secondaire au supérieur). Ces changements ont-ils transformé l’ordre scolaire, qui est toujours un ordre social (Bourdieu, Passeron, 1964), polynésien ? L’exploitation des données recueillies souligne l’importance du genre et de l’origine sociale dans les expériences scolaires et conforte les analyses issues d’enquêtes menées en France métropolitaine (Cayouette-Remblière, 2015). Ainsi, les jeunes filles développent un rapport plus conforme aux attentes de l’institution scolaire que les garçons et les enfants des classes moyennes et supérieures ont des trajectoires plus longues et linéaires que celles et ceux qui sont issu.e.s des milieux populaires. Ces données engagent également des analyses plus spécifiques au cas polynésien. La macrocéphalie polynésienne (Merceron, 2005) produit des effets importants sur les scolarités, au détriment des familles vivant dans les communes paupérisées et/ou rurales et dans les archipels périphériques. Dans la situation postcoloniale et géopolitique polynésienne, les différences de parcours et résultats scolaires sont également liées aux identifications socio-ethniques familiales. Dans les milieux populaires, où l’on trouve davantage de natifs et de natives de Polynésie, on observe plus souvent des parcours scolaires heurtés, qu’ils soient interrompus précocement, retardés et/ou fortement professionnalisés."


Bibliographie

  • ATOLLs, 2020, « Être collégien en classe de troisième en Polynésie française : des scolarités au gré de la mobilité », Documents de travail de l’Ined, 258, p. 14.

  • Bourdieu P., Passeron J-C., 1964, Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, ed. de Minuit.

  • Cayouette-Remblière J., 2015, « De l’hétérogénéité des classes populaires (et de ce que l’on peut en faire) », Sociologie, 6, 4.

  • Isambert-Jamati V. (2020), « Quelques rappels de l’émergence de l’échec scolaire comme ‘problème social’ dans les milieux pédagogiques français », Revue française de pédagogie, n°206, p. 49-55.

  • Merceron F., 2005, « Dynamiques démographiques contemporaines de la Polynésie française : héritage colonial, pluri-ethnisme et macrocéphalie urbaine », Les Cahiers d’Outre-Mer, 58, 230, p. 233‑240.

  • Salaün, M., 2020, « Ni race, ni classe : À propos de la convocation de la ‘culture’ dans l'appréhension de la difficulté scolaire en Polynésie française », Agora débats/jeunesses, vol. 84, n°1, p. 67-79.

  • Schuft L., 2014, « Devenir ‘demi’ en Polynésie française. Les enjeux de l’ethnicité, du statut socioéconomique et du genre, Anthropologie et Sociétés, vol. 38, n°2, p.67-88.

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